CARED CLéA AIDE A LA PERSONNE : continuité pédagogique et lien social

Maintenir coûte que coûte la relation avec le groupe afin d’éviter l’isolement en favorisant tous les modes de communication (téléphone, mail, messagerie instantanée) et assurer une continuité pédagogique. Au GRETA de Grenoble les équipes pédagogiques se mobilisent...

Le CARED CléA Aide à la personne est mis en œuvre pour répondre aux besoins des prestataires  services ADPA et COOPETITION,  en faisant monter en compétences des personnes en situation d’illettrisme via un 1er niveau de certification (CléA) et pour accéder à l’emploi.

Ce groupe est composé de 6 personnes. Leur projet professionnel est validé mais leurs difficultés liées à l’illettrisme et pour certains d’entre eux à l’illectronisme engendrent des freins à l’employabilité. Cette formation permet ainsi de les professionnaliser et de les accompagner dans leur apprentissage des connaissances de base en français, mathématiques et numérique.

Après les nouvelles consignes de "distanciation sociale" édictées par Édouard Philippe le 14 mars 2020, l’équipe pédagogique et les stagiaires ont dû s’adapter. Ce ne fut pas sans aléa liés à différentes problématiques (illettrisme, illectronisme, outils numériques, situation familiale).

L’équipe pédagogique a cherché à maintenir coûte que coûte la relation avec le groupe afin d’éviter l’isolement en favorisant tous les modes de communication (téléphone, mail, messagerie instantanée). Le second objectif fut d’assurer une continuité pédagogique. Un constat a été vite établi. Le travail à distance est compliqué pour ce groupe s’il n’y a pas de lien direct avec les formateurs. Le Centre Ressources Illettrisme de l’Isère a accompagné l’équipe pour choisir les modalités pédagogiques à distance les mieux adaptées selon les difficultés liées à l’illettrisme, leurs pratiques numériques et les outils numériques à disposition.

Aujourd’hui Les formateurs sont donc en relation avec leurs apprenants grâce aux ordinateurs et tablettes pour ceux qui en possèdent, mais majoritairement grâce aux smartphones. La classe virtuelle est l’un des canaux privilégiés. Il fait l’unanimité auprès de tous. Les stagiaires apprécient de garder du lien et de ne pas avoir subi une suspension de formation. Par cette expérience liée à une situation inédite, certains se sont révélés en apprenant autrement et d’autres ont découvert tout l’intérêt du numérique !

Au cours de la continuité pédagogique, suite au constat de la participation aléatoire du groupe aux activités proposées par mail et  WhatsApp (qui ont toutefois permis une première évaluation de la pratique des outils numériques à domicile par les stagiaires) et à la nécessité validée par l'équipe d'assurer un accompagnement pédagogique et social régulier de ces stagiaires en situation fragile, la mise en place de la classe virtuelle s'est posée en ces termes :

QUESTIONNEMENT PRÉALABLE :

1. N'y aura-il-pas un obstacle technique à cette pratique : matériel et connexion disponibles, utilisation ?
2.  "Hors les murs', la motivation sera-t-elle au rendez-vous ?
3. Quid de la ponctualité, qui représente un travail continu avec le groupe ?
4. Quels choix d'activités opérer pour" accrocher le public"?

En partenariat avec IRIS (visioconférences) il a été décidé d'approfondir le sondage sur le matériel, la connexion et les pratiques numériques habituelles, sondage effectué par téléphone par deux membres de l'équipe.

MISE EN OEUVRE :

Un essai préalable d'utilisation de l'outil Classe virtuelle du CNED (blackboard) a été effectué par les trois formatrices dédiées. Essai concluant suivi de l'envoi du lien par mail et explications téléphoniques aux stagiaires pour la première séance, le choix étant d'inviter les stagiaires en demi-groupe avec deux formatrices et à une heure différente pour une gestion plus aisée des aspects techniques.

Suite à la réussite de cette étape, la première séance se passe en groupe complet avec deux formatrices,  l'objectif étant d'interagir à propos de la charte de la classe virtuelle (lecture, reformulation, tableau)

Dans la même semaine, une deuxième séance est organisée pour le retour d'expérience avec comme objectif pédagogique l’expression orale d’une opinion : adhésion totale, déblocage de certaines stagiaires pour la participation active. La troisième séance est une séance de français conduite par la formatrice de français.

Cette expérience montre qu'un public en difficulté d'apprentissage reste curieux et ouvert à la découverte de nouveaux moyens d'accéder à la connaissance et est demandeur d'un suivi  qu'il assimile au suivi en présentiel par la présence et la participation simultanée de tout le groupe.

Aujourd’hui, le groupe suit un rythme de 3 classes virtuelles par semaine. Une expérience de la formation à distance plutôt réussie.

Le socle de connaissances et de compétences professionnelles appelé « Certification CléA » est constitué de l’ensemble des connaissances et des compétences qu’il est utile pour un individu de maîtriser afin de favoriser son accès à la formation professionnelle et son insertion professionnelle.

Pour le groupe CARED CléA, cette certification est valorisable auprès des futurs employeurs et valorisantes pour ses stagiaires qui n’ont pas de diplôme.

Face à cette situation particulière, des compétences ont été acquises par l’ensemble des stagiaires tout particulièrement le domaine « des techniques usuelles de l’information et de la communication numérique ».

Bravo au groupe pour cette adaptabilité remarquable !

J’ai testé pour la première fois la Classe virtuelle avec cette plateforme.

Il a fallu me familiariser en amont mais sur le temps de la classe, j’ai été très satisfaite de cet outil, que j’ai trouvé très intuitif. J’ai pu ainsi naviguer entre la vidéo, le partage d’écran (document texte, vidéo, son), le tableau blanc (explications écrites, illustrations) tout en maintenant la discussion orale. J’ai la chance d’avoir une tablette numérique, que j’ai pu connecter pendant la classe, ce qui m’a beaucoup aidée à écrire au tableau numérique.

La difficulté que j’ai eu a été de m’assurer que chacune individuellement ait compris chaque notion. Je n’avais que l’audio et pas leur retour vidéo. Je pense que cela dépend du tempérament de chaque stagiaire, car je sais que certaines n’osent se manifester lorsqu’elles n’ont pas compris, pour ne pas ralentir la classe. Par exemple, j’ai dû interpeller une stagiaire en particulier car j’ai eu l’intuition qu’elle n’avait pas compris la consigne, et effectivement elle avait besoin de plusieurs répétitions.  Je confirme les propos de Brigitte concernant l’implication et la curiosité des stagiaires face à ces nouvelles modalités technologiques.

Je souhaite continuer à adapter les modalités d’apprentissage et les supports aux difficultés de chacune. J’ajouterais que les stagiaires ont manifesté leur satisfaction à la fin de l’échange. Je les ai félicitées pour leurs progrès en numérique et pour leur sérieux, elles ont toutes confirmé qu’elles progressaient. A l’avenir, je vais privilégier l’alternance entre classes virtuelles et exercices écrits, pour maintenir une production écrite.

 

« J’ai ainsi eu l’opportunité de mettre en œuvre notre démarche d’accompagnement dans le contexte atypique du confinement.

Travailler avec cette équipe pédagogique enthousiaste, créative et prête à s’emparer de tous les outils nécessaires à la continuité pédagogique de leur action m’a nourrie. Nos échanges m’ont permis de pousser plus loin ma réflexion sur les modalités pédagogiques de la formation et de l’accompagnement à distance d’apprenants éloignés de l’écrit et du numérique. Cette expérience partagée est enthousiasmante. »

Lichan : C’est un plaisir de nous retrouver. Cela donne le moral parce que c’est dur de rester à la maison. Whatsapp c’est bien mais c’est pas suffisant. La classe virtuelle c’est mieux. Cela donne un cadre. Il faut être à l’heure et on a un cours comme dans une salle.

Florence : C’est bien pour moi. C’est quelque chose que j’ai jamais fait avant. C’est dur de travailler à distance. La classe virtuelle est une solution en attendant la vraie classe. Quand je suis arrivée au GRETA, je ne savais pas comment lire, écrire et utiliser un ordinateur. Aujourd’hui ça va mieux.

Sefa : Cette situation rend triste. Parler fait du bien au moral. Au début du confinement, je n’arrivais pas à faire certains exercices car je ne comprenais pas. Avec whatsapp et la classe virtuelle, on reformule et je comprends mieux.

Alison : C’est difficile pour moi de ne pas se voir. Je suis contente de partager avec les autres et d’avoir des nouvelles de tout le monde.

Benita : Ça se passe bien pour moi, même s’il y a des problèmes de réseau quelquefois. C’est bien mais ce n’est pas comme au Greta mais on est là. C’est différent, on ne se voit pas * Il y a moins de temps qu’au Greta, c’est environ 1h30 et ce n’est pas chaque jour. J’aimerais plus de séances et plus longues pour garder l’élan.

*pour  alléger le flux, les vidéos sont activées en début et fin de séance seulement pour se saluer.

 

Encore bravo au groupe pour cette adaptabilité remarquable  et merci aux équipes pédagogiques qui chaque jour recherchent des solutions pour accompagner au mieux nos apprenants.